Journal d’un coach stratégique ou comment survivre en tant que PDG d’une PME.

Nous sommes appelés par le fondateur d’une belle petite PME, un CA en constante progression, 7 ans d’ancienneté, des bureaux dans le centre de Paris, une petite vingtaine de salariés, aucun problème de marge.

Pour le banquier et le comptable, tout va bien, c’est une affaire qui roule.

Pourtant, le fondateur nous appelle et nous demande d’intervenir en urgence. En moins de 15 jours, ses deux équipes de programmeurs viennent d’intégralement démissionner.

On définit rapidement un plan d’intervention, le contrat est signé dans la foulée et on programme notre présence dès le lundi suivant.

Constat : 

– L’âge moyen est assez bas.

– Les équipes sont de petite taille.

– La communication est inexistante entre les équipes.

– Le sociogramme démontre une absence de réciprocité.

– Discordance entre la fiche de poste initiale et le rôle actuel

Conjointement à la mise en place d’un Comité de Direction, nous accompagnons à désamorcer la situation explosive en réinstallant le dialogue et l’échange. C’est ensuite à l’appui d’un plan de continuité que nous activons des solutions de remplacement temporaire et que nous réalisons différentes sessions de formations, notamment sur la communication pour l’intégralité des salariés. 

En un mois, le climat s’est apaisé et ce sont de nouvelles perspectives de construction qui s’envisagent. 

Dans un second temps, vient une structuration plus stable de la société avec du coaching pour les personnes clés de la structure, avec certaines séances en collectif. Nous sommes ensuite un support au recrutement afin que les personnes en place soient plus efficientes.

Aujourd’hui, cette PME a traversé la crise, le turnover est beaucoup plus faible. Les rapports au sein du Comité de Direction et dans l’ensemble de la structure sont apaisés.

Les projections financières sont au vert.

Le fondateur aurait-il réussi à changer sa vision sans l’apport d’un avis extérieur ?

Peut-être. Mais dans quels délais ?

Et avec quelles conséquences pour la viabilité de la structure ? 

Ici le coach stratégique n’est pas un spécialiste du métier de l’activité de la structure, mais un spécialiste des rapports humains. Son action permet au dirigeant de pouvoir prendre du recul, de lui offrir une porte pour sortir de l’isolement si connu du dirigeant, afin d’être à son plein potentiel pour réaliser des décisions dans des conditions optimales compte tenu de la situation. 

Et vous comment auriez-vous réagi ?

Et comment vivez-vous cet isolement du dirigeant ?

Slasheur et switcheur expliqué à mon père …

Quand on parle de nouvelles formes de travail, on a toujours du mal à expliquer ça aux générations qui nous ont précédé.

La semaine dernière, mon père m’a rendu visite. Et j’ai bien vu qu’il avait beaucoup de mal à comprendre ce qu’était mon travail. Mon père est un médecin généraliste de province, un peu le médecin notre enfance, en tout cas de la mienne ! Par vous en dresser un rapide portrait caricatural, forcément, c’est un médecin passionné par son métier, avec le serment d’Hippocrate chevillé au corps. Il a toutes les caractéristiques du médecin de famille à la campagne, la moustache comprise, et son esprit est façonné par ce bon sens paysan qui a bercé mon enfance …

J’ai bien vu à sa tête qu’il comprenait avec difficulté le concept de slasheur. Pour lui, on se définit par son travail, pour sa génération on est ce que l’on fait. Il est dubitatif sur le fait qu’on puisse être un slasheur ou même un switcheur. Pourtant … lui-même a été un switcheur toute sa vie !

Pour ceux qui ne connaissent pas ces deux concepts, quand le slasheur choisit d’avoir plusieurs identités professionnelles simultanées, le switcheur lui choisit d’avoir plusieurs identités professionnelles mais alternativement.

Ce concept d’avoir besoin de ne pas être UN, de ne pas avoir qu’une seule identité professionnelle mais d’avoir besoin de les multiplier pour pouvoir exprimer sa complexité et sa différence est un concept qui échappe à la génération de mon père. Pourtant lui-même a toujours été sans le savoir un switcheur.

En effet, les gens l’ont toujours considéré comme le médecin généraliste de campagne qu’il était. Mais l’histoire familiale, notre histoire familiale, a fait de lui, aussi, un agriculteur. L’héritage familial l’a poussé à avoir un élevage de chevaux. Mon père depuis ses plus jeunes années est, en même temps, médecin généraliste et agriculteur. Si vous parlez avec lui et que vous demandez quelle est sa profession, il vous dira qu’il est médecin … pourtant il switche tous les soirs et tous les week-ends sur le métier d’agriculteur.

Notre génération a besoin de pouvoir exprimer cette complexité.

C’est donc avec force et conviction que nous exprimons le fait d’avoir cette identité multiple. Nous ne satisfaisons pas en étant que notre activité, que notre connaissance professionnelle principale.

Que nous soyons switcheur ou slasheur, nous n’avons rien inventé par rapport à la génération de nos parents, nous exerçons plusieurs professions, nous avons plusieurs identités professionnelles, mais nous avons choisi de le revendiquer et le clamer haut et fort !

Cette kyrielle de visages n’est pas une tare mais une force.


#acceptationdesoi #modedevie